Au bout du monde

Que l'on soit tout près de chez nous en milieu urbain comme au bout du monde, le sauvage s'exprime avec les mêmes codes, parades nuptiales, naissances, dortoirs, nourriture... et c'est toujours le même émerveillement. Mais, comme partout, là où les Européens s'installent, certaines espèces disparaissent... et d'autres sont menacées, les îles hautes en Polynésie et Mayotte (là où j'ai eu la chance d'aller) sont ainsi relativement pauvres en oiseaux...

Bien heureusement, les atolls rassemblent bon nombre d'espèces d'oiseaux de mer (pélagiques), sur les îles, loin du monde ....

DES ESPECES INTRODUITES

Astrild ondulé

Tahiti 2020

Espèce introduite, ces passereaux au magnifique masque rouge peuvent avoir un impact dans les régions où ils ont été introduits. Pourtant, en bons granivores comme nos petits Moineaux domestiques, ils accomplissent avec sérieux leur travail de dispersion des graines. Leur impact est donc relatif car ils se nourrissent en début de matinée et en fin d'après-midi de graminées introduites par l'homme .

Bulbul à ventre rouge

Tahiti 2021

Là encore, l'introduction d'espèces provoque la disparation de certaines endémiques... et pour cause... voici l'exemple du Martin triste (ou Merle des Moluques) introduit au début du XXème siècle, il a concurrencé de nombreuses espèces comme les Martins-chasseurs (en voie de disparition), et voilà ce Martin triste à son tour supplanté par le Bulbul à ventre rouge... ce passereau originaire d'Asie du Sud et du Sud-Est et responsable de nombreux dégâts...

La couleur rouge sous sa queue est souvent difficile à voir. Insectivore et frugivore, il est à l’origine d’impacts négatifs sur l’agriculture en plus de présenter une sérieuse menace pour les espèces endémiques.

L'espèce est inscrite depuis 2022 sur la liste des espèces exotiques envahissantes, ainsi on tente de l'éradiquer. Triste sort des espèces introduites.

... AUX ESPECES SAUVAGES

Les oiseaux pélagiques du bout du monde, pour vivre en toute quiétude se replient sur les atolls en haute mer, ou sur des îlots difficiles d'accès pour les touristes, ce qui leur procure de véritables sanctuaires : lieu d'accouplement, de nidification, d'éducation des petits... Les hautes îles comme Tahiti ou Mayotte, dépourvues aujourd'hui de ces lieux paisibles, n'offrent que très peu d'espace pour la préservation de la biodiversité. Certaines causes naturelles peuvent expliquer la disparition d’espèces ou de milieux naturels, certes, mais le rythme actuel d’érosion est largement attribuable aux activités humaines : la destruction et la fragmentation des milieux naturels liée, notamment, à l’urbanisation et au développement des infrastructures de transport ; l’introduction d’espèces exotiques envahissantes ; la surexploitation d’espèces sauvages : surpêche, déforestation, braconnage, etc. ; les pollutions de l’eau, des sols et de l’air ; le changement climatique qui peut s’ajouter aux autres causes et les aggraver. Il contribue à modifier les conditions de vie des espèces, les forçant à migrer ou à adapter leur mode de vie.

Gygis blanches

Tuamotu 2021

Avec son gros œil noir et son bec bleu, son plumage immaculé... il semble sorti tout droit d'une planche de dessinateur, d'une grande finesse, de façon singulière, il ne construit pas de nid, il pond dans la cavité d'une branche et couve ainsi sans se cacher, preuve qu'il a besoin d'un endroit réellement tranquille. Les petits attendent leur parent à l'endroit même de l'éclosion tant qu'ils ne peuvent pas voler.

Noddi brun

Partout en Polynésie et dans tous les océans tropicaux du monde, le Noddi brun arbore un maquillage d'une grande beauté, qui peut lui donner un air sévère mais d'un trait tellement parfait.

Il s'installe aussi bien sur les îles proches des côtes, comme celles situées au large. On peut le trouver nichant dans un cocotier, comme en grande bande sur des îlots isolés.

Sterne royale (en plumage d'hiver)

A Tahiti face à Teahupo'o

La Sterne royale, passe beaucoup de temps en vol. Elle se nourrit seule ou en petits groupes, en volant à plusieurs mètres au-dessus de la surface et en plongeant, mais sans se submerger. Elle peut aussi écumer la surface de l’eau en volant, ou prendre des débris en étant posée sur l’eau et en plongeant juste la tête.

La Sterne royale fréquente les côtes tropicales et subtropicales. Cette espèce se reproduit sur les plages sableuses, les îles dans les marais salants, les ilots coralliens… Beaucoup de sites sont sujets aux inondations, mais les colonies sont caractérisées par leur inaccessibilité, une bonne visibilité et l’absence de mammifères prédateurs. Les sites sont entourés d’eau peu profonde et se trouvent près des baies, futée !

Une cohabitation toute pacifique des deux espèces, que vous aurez bien sûr identifiées.... îlot de sable blanc Mayotte.

Fou aux pieds rouges

On les appelle "fous", par la vitesse fulgurante avec laquelle ils plongent entre un à cinq mètres pour pêcher. Ce qui leur vaut parfois de se faire attraper par les filets de pêches.... Son bec bleu aux bords rouges, ses pattes largement palmées rouge vif lui donnent un air étrange, comme sorti de la préhistoire, très photogénique !

Strictement marin et largement pélagique, il niche dans les petites îles qui ont, a minima, une végétation arbustive.

Le nid est un assemblage de branches placées dans un arbre ou dans un buisson. Les poussins, au duvet tout blanc, restent 100 à 139 jours en état de dépendance des parents qui peut aller jusqu'à 4 mois, mais le taux de survie élevé de plus de 95 % donne à penser que ces soins portent leur fruit, malgré le harcèlement des frégates auquel ils sont exposés.

Frégate du Pacifique

En parade nuptiale, le mâle gonfle la poche rouge sous son coup de manière phénoménale. Bien qu'étant un oiseau marin, la Frégate ne possède pas de plumage imperméable, elle est contrainte de capturer calamars et petits poissons à la surface de l'eau. En revanche, elle pratique le kleptoparasitisme, obligeant par exemple les fous à régurgiter leur proie.

Cette technique nécessite un long apprentissage des juvéniles, qui restent sous la dépendance des parents pendant plus d'un an.

Les frégates sont des oiseaux sacrés. Elles représentent l’émanation du Dieu de la guerre et fils de Ta’aroa: ‘O, et pour cause.....

UNE NATURE GENEREUSE QUI SE PRETE AUX JEUX DES HUMAINS

La vague mythique de Teahuppo'o à Tahiti.

Cette vague de Teahupo'o, tout près du village qui porte ce nom au sud-ouest de Tahiti, accueillera les épreuves de surf pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024.

La vague qui est prononcée « Chopoo » se trouve à environ 400 mètres au large. Elle est connue comme l'un des plus célèbres récifs au monde. Ses tubes transparents et hypnotisants précèdent sa réputation.

Elle peut faire deux à trois mètres de haut et parfois même atteindre les sept mètres. Mais ce n’est pas la taille qui fait de Teahupo’o une vague unique. C’est une combinaison de gros rouleaux, elle répond au besoin des surfeurs qui doivent réaliser une grande descente pour passer dans le tube de la vague, et dans un contexte de récifs peu profonds.

Teahupo'o 2020